she's like the wind (iris)

1. Orpheline. Vilain petit canard laissé sur le bord de la route. Sauf qu’aucune bande de cygnes n’attend son retour et elle le sait. Elle l’a toujours su. Mais parfois, elle rêvait qu’on venait la récupérer, que tout cela n’était qu’une erreur, qu’elle s’était simplement perdue. Illusions d’une enfant qui a vite dû grandir, vie en foyer demandant une force, une carapace. Elle n’avait que ses mains pour s’en sortir, que ses yeux pour trouver son chemin. Seule. Et rien ne l’a jamais autant effrayé.
2. Contes. Son échappatoire, seule activité où les fins heureuses était permises. Elle adorait lire les vieux bouquins encornés à chaque page et les soirées du vendredi étaient ses favorites, écran illuminé par la VHS de la semaine. Doux refuge qu’elle a retrouvé plus tard, étrange sensation de retrouver une maison dont elle ignorait l’existence.
3. Manuelle. Besoin de dépendre que d’elle-même. Elle a très tôt fait une croix sur les études. Comment se les payer? Puis les études ne l’aideront pas là où elle veut aller. Elle, c’est le monde des rêves, le monde des histoires qui l’intéresse. Elle, elle veut créer. Alors elle laisse ses mains tracer la route, une route de tissus et d’aiguilles, où un chiffon devient le plus beau des costumes. Encore aujourd’hui, c’est elle qui prend soin de son costume, prunelle de ses yeux où chaque millimètre se doit d’être immaculé.
4. Canterbury. Ville mélancolique, ville douce-amère. Décor de l’enfance, fantôme d’un passé dont elle ignore tout. Elle est comme les vieilles dalles qui pavent les rues: personne ne sait qui les a faites, qui les a posés mais elles sont là. Amour et aversion se partagent le devant de la scène, incapable de dire ce qu’elle ressent envers cet endroit qui l’a vu naître. Sans doute. Aucune certitude là-dessus. Vieille ville aux airs d’autrefois, ville qu’elle a laissé derrière elle dès qu’elle a pu. Trop de questions. Trop d’amertume. Trop de et si.
5. Cicatrice. Ligne fine traverse le bas du dos. Imperfection récoltée dans son adolescence quelque peu turbulente, où les bons choix n’étaient pas au centre de ses préoccupations. Envie de se rebeller, mais contre quoi? Contre qui? Nébuleuse où elle a finit par se rebeller contre elle-même, suivre des routes qui allaient à l’encontre de tout bon sens. Où la seule qui a finit blessée, c’est elle. Accident de moto duquel elle ne sait comment elle s’en est sortie. Bonne étoile dont elle ignorait l’existence. Une expérience qui lui a fait prendre conscience d’un bon paquet de choses.
6. Virulente. Elle ne se laisse pas faire. Jamais. Un luxe qu’elle ne s’est jamais permise, besoin de s’imposer pour exister de là où elle vient. On la trouve parfois dure, susceptible, imprévisible. Antipathique. Elle s’en moque. Caresser dans le sens du poil n’est pas dans ses habitudes.
7. Rouge. Lèvres toujours teintés, armure des temps modernes. Sensation d’être protégée, d’avoir un contrôle sur ce que les autres ont le droit de voir d’elle. Elle s’est maquillé très tôt, trop tôt peut-être. En cachette d’abord, gestes brusques et rapides avec un rétroviseur au retour d’une rue comme seul appui. Subtilité acquise avec les années, rituel du matin qu’elle ne manque sous aucun prétexte.
8. Grande soeur. Du moins beaucoup la voient ainsi, figure rassurante malgré tout dans cette jungle qu’est Disneyland. Certes, elle n’est pas évidente comme fille. Elle ne s’est jamais considéré comme quelqu’un de gentil. Mais elle sait être là quand il faut. Elle connaît toutes les issues de secours, tous les recoins où aller se défouler un coup quand la pression est trop forte. Elle râle, souvent, mais c’est la première à donner un coup de main si besoin. Elle taquine, tout le temps, mais elle arrache des yeux si quelqu’un vous regarde de travers.
9. Poisson clown. Surnom le plus flatteur de la collection sans doute. Un sale crétin qui s’est permis de la reluquer dès son arrivée. Chanceux dans son malheur, verre d’eau à la place de la gifle monumentale qui suppliait de sortir de sa main. Excuses qu’elle n’a jamais voulu entendre, membre premium de sa liste noire. Elle ne peut pas l’encadrer et ne se fait pas prier pour lui faire comprendre. Haine irascible, excessive, que beaucoup trouvent disproportionnée. C’est qu’il l’attire, aimant qu’elle n’a pas vu venir, coeur battant trop vite à sa vue. Et elle ne le déteste qu’encore plus.
10. Carnet. Vieillerie qu’elle se trimballe depuis des années, pages noircies au fil des ans. Relique de la petite fille qui vit encore quelque part en elle, collection d’histoires écrites la nuit, quand le besoin de s’évader était trop forts. Trésor qu’elle planque soigneusement dans sa chambre, pages vierges de tout regard autre que le sien. Elle s’est promis qu’un jour, elle montrerait son univers à quelqu’un. Un jour.
11. Douceur. Aspect qu’elle ne laisse sortir qu’une fois le costume enfilé, qu’une fois qu’elle cesse d’être Iris, l’orpheline un peu abîmée, pour devenir Blanche-Neige, princesse sans reproche. Un acte aux yeux de tous, conclusion qu’elle n’a jamais voulu corriger. Cette douceur, cette tendresse, personne ne doit savoir qu’elles existent. Vulnérabilité qu’elle protège comme elle peut, qu’elle laisse vivre par moments sous un vernis d’excuse.
12. Constellation d’anecdotes. Son Disney favori est Peter Pan. Et ça n’a rien à voir avec un éventuel crush, absolument pas. ღ Elle a vite appris à se débrouiller en cuisine. Corvée quotidienne, plaisir quand il y a de la visite à sa table. ღ Championne du cache-cache. ღ Elle pourrait vivre exclusivement de chocolat chaud. Du moins c’est ce qu’elle prétend à chaque fois qu’elle en bois un. ღ Une peluche de Stitch trône fièrement sur son lit. ღ Elle adorerait apprendre une langue étrangère mais elle ne trouve jamais le temps. ღ Nouvelle coupe, cheveux courts pour fêter la nouvelle année. Un choix qu’elle adore mais qui choque un peu quand on a eu une longue crinière brune toute sa vie. ღ Mauvaise perdante, les jeux de société ne sont pas forcément le meilleur moyen de créer des liens pour elle. ღ Hors costume, elle passe toutes ses pauses à Adventureland. Et si vous croisez une fille chantant A pirate’s life for me à chaque fois qu’elle passe devant la fameuse attraction, c’est probablement elle.